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Dragages et clapages en mer

Les dragages des ports, le clapage des vases et sédiments en mer et les conséquences sur le milieu marin.

(Article ELV / Newsletter #8 février 2019)

Introduction de l'article et tableau synthétique :

Parmi les activités anthropiques impactant le milieu marin, les dragages et le rejet des vases et sédiments en mer sont identifiés comme des nuisances majeures. Les réponses des responsables de ces dragages restent les mêmes depuis des années : « on ne peut pas traiter les vases à terre, c'est trop cher ! » ; et ELV dénonce, depuis sa création en 2008, ces pratiques. Mais dénoncer et critiquer n'est pas suffisant, c'est pourquoi vous trouverez dans cet article des propositions et des solutions pour que le recyclage de ces vases soit valorisé et crée des emplois.

 

Ces propositions, faites au grand port Nantes Saint-Nazaire sous la forme d'un exposé argumenté, ont trouvé un écho favorable. Nous signerons bientôt un partenariat qui doit permettre à notre association et au Grand Port de réfléchir et d'avancer sur cette question en s'appuyant sur des expériences effectuées en France, en Europe, et en Chine, en apportant des idées et des solutions locales, mais aussi avec le concours et l'expertise du travail des scientifiques.

Drague à injection d'eau "Le Milouin"

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Briques en terre cuite

Maison ancienne en torchis

Pour accéder à l'article en entier :

Dragage La Baule – Le Pouliguen : les constats

Si les dragages des ports de plaisance sont une nécessité, ils entraînent dans les conditions actuelles de dragage avec la remise en suspension des vases, des nuisances importantes sur l'environnement marin (qualité des eaux et biodiversité). Le dragage du port du Pouliguen avec des rejets à quelques centaines de mètres de Penchâteau impact le milieu marin et la côte.

Dragage au port du Pouliguen, le 20 janvier 2017

La qualité des eaux est l'élément incontournable de l'économie locale. Le tourisme en dépend, la pêche, la conchyliculture et la saliculture en sont directement concernées. La qualité bactériologique est relativement maîtrisée avec cependant des dépassements et des interdictions nombreuses et durables de pêche de coquillages lorsque les pluies sont importantes**. Mais la qualité écologique des masses d'eau (taux de nitrates et de pesticides, métaux lourds, molécules médicamenteuse et leurs conséquences : algues vertes, blooms de phytoplancton, contamination de la chaîne trophique) n'est pas du tout prise en compte et est un des enjeux les plus complexe et difficile à gérer. C'est pourquoi les dragages  doivent satisfaire à des protocoles exemplaires d'impacts et de suivis et faire état de pratiques respectueuses de l'environnement.

 

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Les nuisances apportées par ces vases sur le milieu marin:

 

• Turbidité importante, les vases participent au colmatage et à l'étouffement du milieu (fonds marins) ainsi qu'à la diminution de la photosynthèse par le manque de lumière engendré.

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• Disparition de macro-algues (bio-indicateur qualité des masses d'eau). Penchâteau est de qualité moyenne ou mauvaise depuis plusieurs années.

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 Apparition de moulières et d'espèces opportunistes, comme les ophiures, mis en évidence par ELV en 2010, 2011(photos) plus ophiures ! 2012 laminaires nécrosées !

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• Apports de vases sur l'estran de Penchâteau, zone Natura 2000 (étouffement) et disparition des fucales !

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• Le rejet de contaminants (tels que les métaux lourds et TBT) dans la colonne d’eau, (même  en quantité faible) aggrave le risque d’entraîner la présence accrue de contaminants dans la chaîne alimentaire (fixation des contaminants par les organismes filtreurs, moules, huîtres, coques, palourdes).

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Les études scientifiques portées par ELV montrent l’influence négative de ces remises en suspension des vases sur les laminaires. Ces macroalgues participent à la production d'oxygène au captage du C02 et sont des lieux de reproduction et de nurseries indispensables à la biodiversité et par conséquent à la pêche et à la qualité des eaux. Ces forêts de laminaires sont d'une richesse en biodiversité supérieure aux forêts terrestres (plus de 1000 espèces répertoriées (Kelly, 2005). Les remises en suspension des vases sur le site de Penchâteau impactent l'ensemble des îles de la baie (diminution diversité et quantité des macroalgues et apparition d'ophiures liée à l'apport important de matières organiques (voir carte baie de la Baule sur le site d'ELV)).

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Sur la question de l'efficacité des dragages:

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Etant donné l'action de la houle sud-ouest et ouest et des courants, les sédiments rejetés reviennent immédiatement dans la baie  (action de la houle SOGREHA, 2004). Les sédiments fins sont rapidement remis en suspension par les courants de marée. La houle dominante, de secteur ouest sud-ouest, ramène ce sédiment vers l'entrée du Port. L'efficacité  est donc faible et il faudra recommencer ces dragages très rapidement.

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Sur la question des métaux lourds et contaminants:

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Les vases fines argileuses des sédiments des ports ont la propriété de fixer des substances chimiques transportées par les étiers et/ou la zone portuaire. Ces substances auront des répercussions sur l'environnement plus particulièrement sur la faune benthique de par leurs propriétés toxiques. La prise de trois échantillons de vase dans le port n'est pas représentative de l'état de toxicité. Par exemple les prélèvements devraient être effectués devant les cales de carénage. Ce qui devrait être contrôlée, c'est la fixation éventuelle des métaux lourds, TBT, et contaminants dans les coquillages filtreurs du Port (moules) pour avoir une idée de la présence de ces métaux lourds dans la chaîne trophique (protocole IFREMER ROCCH)*.

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C'est pourquoi ELV propose :

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1.  Un éloignement de la zone de remise en suspension qui pourrait entraîner un moindre retour des vases vers la baie (dilution plus importante et clapages sur des fonds vaseux, faune et flore adaptées au milieu) mais qui peut impacter d'autres secteurs !

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2.  De faire des analyses sur les coquillages du port pour connaître véritablement les teneurs en métaux lourds et en produits polluants ainsi qu'un suivi faune et flore sur les habitats rocheux proches des Evens et de la pointe de Penchâteau.

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3.  Un retraitement à terre : la meilleure solution ! Étudier les possibilités de traitement à terre des vases et sédiments en termes de faisabilité et coût. Rien n'est fait à ce niveau, il semble étonnant qu'il n'y ait pas d'anticipation sur ce sujet alors que l'Europe va interdire dans les années à venir le clapage ou la remise en suspension en mer des vases. Un centre de retraitement pourrait prendre également en charge les vases de tous les ports de plaisance proches.

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Pour toutes les raisons évoquées ci-dessus et à un moment important où l'Europe et la France ont décidé que les masses d'eaux devraient être de bonne qualité écologique à l'horizon 2020 (DCSSM) et vont mettre tout en œuvre pour arriver à cet état, l'association Estuaires Loire Vilaine dénonce ces pratiques de remise en suspension des vases venant du port du Pouliguen / La Baule au large de la pointe de Penchâteau.

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*La surveillance de la qualité des eaux est effectuée à partir de marqueurs tels que les filtreurs qui stockent les matières toxiques. Réseaux IFREMER, (REPHI, REMI , ROCCH).

 

** Ce qui suppose que certaines habitations ne sont pas raccordées et que des réseaux d'eaux pluviales sont utilisés par d'autres apports !

Rupture de la conduite de dragage à Penchâteau, le 24 novembre 2016

Si les dragages des ports de plaisance sont une nécessité, ils entraînent dans les conditions actuelles de dragage avec la remise en suspension des vases des nuisances importantes sur l'environnement marin (qualité des eaux et biodiversité). Le dragage du port du Pouliguen avec des rejets à quelques centaines de mètres de Penchâteau et la rupture de la conduite pour la deuxième fois impactent le milieu marin et la côte.

Rupture de la conduite de clapage lors d'un dragage au port du Pouliguen-La Baule, visible de la pointe de Penchâteau, le 24 novembre 2016.

Traitement des vases : une solution innovante

(article ELV / newsletter #2 avril 2015)

Au lieu de procéder aux dévasements des ports tous les 3, 5 ou 10 ans, avec des moyens lourds, et de rejeter systématiquement les vases en mer, avec les conséquences environnementales qui ne sont plus à démontrer, pourquoi
ne pas envisager un maintien régulier du niveau d'envasement à l'aide d'une technologie plus douce et permettant une
valorisation au fil de l'eau des produits extraits ?
Une solution innovante proposée par un entrepreneur, Philippe PETARD, consiste à prélever régulièrement avec une ou plusieurs petites machines la vase qui se dépose sur les fonds.
Une base flottante dirigée par GPS prélève par aspiration les sédiments, puis les filtre avant de les déposer à terre sur des palettes. Les sédiments ainsi conditionnés pourraient par exemple permettre la valorisation de l'argile qu'ils contiennent pour confectionner des matériaux de construction ou de remblaiement. Ils pourraient également être associés à des déchets coquillés (moules, huîtres) pour aboutir à un produit enrichi qui présenterait un intérêt certain pour l'amendement des sols pauvres en calcaire.

Bien entendu, ce ne sont là que les prémices d'une filière qui reste encore à développer et des problèmes restent encore à résoudre, mais cet exemple pourrait présager d'une meilleure gestion des sédiments portuaires à l'avenir.

L'immersion des boues de dragage : source de pollution majeure (article ELV / janvier 2015)

L'association a déposé plainte dans l'enquête publique préalable aux opérations de curage du port de Pornichet. Nous nous sommes notamment prononcés contre le rejet des vases extraites du port à sec et de celui en eaux profondes tel qu'il était présenté.


La destination finale de ces vases, le banc rocheux des Fromentières très proche de la plage de Sainte-Marguerite, nous apparaît en effet totalement inadaptée : les laminaires qui subsistent encore sur ce secteur seront étouffées, les anfractuosités de la roche seront colmatées, et c'est bien la biodiversité dans son ensemble qui sera très fortement impactée. Au delà de leur effet notoirement colmatant, nous avons également de sérieux doutes sur l’innocuité de ces vases au regard des molécules toxiques qu'elles pourraient contenir : hydrocarbures, principes actifs utilisés dans les peintures anti-fouling, etc. Dans la baie ce sont déjà 90% des surfaces de laminaires qui ont disparu durant les vingt dernières années : nous irons au printemps prochain constater en plongée l'impact de cette opération sur le site.
Si le rejet en mer constitue depuis de nombreuses années la destination systématiquement privilégiée pour ces vases, des alternatives crédibles sont désormais d'actualité, et les filières industrielles commencent à se mettre en place. Les procédés de traitement à terre se développent, le champ des valorisations possibles s'étend : amendements des terres agricoles, production de granulats susceptibles d'être utilisés pour la réalisation de chemins piétonniers, de pistes cyclables, de matériaux de construction, etc.

Lors d'une plongée au large des Fromentières

(vidéo ELV / août 2014)

Lors d'une plongée en apnée au large des Fromentières en août 2014, nous avons observé une quasi-absence de laminaires qui se trouvaient en forte affluence il y a 10/15 ans.

Dragage La Baule-Le Pouliguen :

Dommages causés à la flore et la faune sur la pointe de Penchâteau et l’ouest des Evens

Dans le cadre de l'enquête publique concernant le dragage du port de La Baule - Le Pouliguen, et après consultation du dossier en mairie, Jean-Claude Ménard a pu rencontrer Mr Claude Henry, commissaire - enquêteur. Considérant les observations que nous avons pu réaliser sur les secteurs de la pointe de Penchâteau et des Evens à l'issue du curage réalisé au cours de l'hiver 2008-2009, ainsi que les craintes que nous inspirent ces travaux pour l'équilibre des écosystèmes maritimes sur l'ensemble de la baie de La Baule, nous nous sommes montrés plus que réservés sur le protocole de curage retenu.

 

Rejoignant le point de vue de l'association Sémaphore, nous considérons que la solution la plus "écologiquement" responsable, mais aussi sans doute la plus "économiquement" raisonnable, serait de retenir le traitement des vases et des sédiments à terre !

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